Dyspraxie

Table des matières

Description : La dyspraxie ou syndrôme de l’enfant maladroit

Définition

La dyspraxie entraîne une incapacité totale ou partielle à automatiser et planifier les gestes, volontaires et intentionnels, sans pour autant que la personne ne présente de troubles moteurs ou de déficit intellectuel. (A différencier de la marche, par exemple, qui est un geste inné.) 

La dyspraxie peut être, et/ou :

  • constructive ou visuo constructive : difficultés à assembler (legos, cubes, bricolage, puzzles…)
  • visuo-spatiale : difficultés à descendre des escaliers, se repérer dans un lieu, dans un texte, sur une feuille, sur un plan  (trouble dans l’organisation du geste + trouble du regard)
  • idéatoire : difficultés à utiliser et manipuler des objets et des outils (stylo, compas, couteau,…)
  • idéomotrice : difficultés à mimer, imiter des gestes
  • oro-faciale : difficultés à articuler, parler, siffler, souffler les bougies, déglutir…

Parce que faire fonctionner les yeux relève aussi d’un geste, des troubles oculomoteurs sont à rechercher : difficultés à fixer un objet ou à le suivre des yeux, saccades oculaires, préhension de l’espace, etc… . 

Confrontés au système scolaire et à l’écriture, les enfants sont de plus en plus souvent dépistés. Ils pourraient l’être bien avant cependant si les enseignants étaient formés, car dès les exercices de motricité en maternelle, leur gaucherie est visible et devrait alerter. 

Les indications suivantes sont données à titre d’exemple, elles peuvent être plus ou moins importantes et plus ou moins nombreuses, d’un enfant à l’autre. 

Au niveau de la coordination globale

  • l’enfant court de façon désordonnée, nʼarrive pas à coordonner les bras et jambes quand il nage, a parfois du mal à marcher surtout en terrain accidenté (forêt, montagne, sable…)
  • il lui arrive très souvent de se cogner, de se prendre les pieds dans nombres dʼobstacles, de trébucher et tomber plus que de coutume
  • il descend les escaliers avec difficulté, doit se tenir pour ne pas tomber en avant et ne semble pas voir les marches (nʼévalue pas leur hauteur, leur régularité)
  • d’un point à un autre, il se déplace en ligne droite, par le chemin le plus court et tant pis pour ce qui se trouve sur le parcours.

Peuvent se rencontrer également des problèmes de tonus musculaire, en trop ou pas assez : trop de force utilisée pour fermer une porte, pas assez de force pour « tenir son corps » : posture mal adaptée à la situation (« avachi » sur son siège). 

Sur le plan sportif, lʼenfant ajuste mal les gestes nécessaires pour envoyer ou attraper un ballon, il ne pourra « shooter » de façon adéquate. 

On peut trouver également des problèmes dʼéquilibre qui ne faciliteront pas, par exemple, l’apprentissage de la natation : sous l’eau, du vélo : les stabilisateurs ne seront abandonnés que très tard. 

Au niveau de lʼorganisation du regard

Il a du mal à utiliser ses yeux pour explorer, balayer, fixer, saisir efficacement lʼinformation visuelle : il sera gêné pour se repérer sur une feuille et sʼorganiser dans lʼespace de cette feuille, copier au tableau, trouver un objet… il pourra avoir des difficultés pour lire un texte dense écrit en petits caractères, se repérer dans un tableau à double entrée, poser une opération… Ce sont des problèmes neuro-visuels ou des troubles occulo-moteurs qui ne sont pas forcément repérables par les ophtalmologues car lʼacuité visuelle nʼest pas en cause. 

Au niveau de la bouche (sphère bucco-phonatoire)

  • La sensibilité de la sphère orale peut être atteinte : lʼenfant a du mal à mâcher, mastiquer, déglutir, cracher.
  • Il peut avoir des difficultés pour siffler, souffler une bougie, faire des bulles, manger des fruits à noyaux (et séparer la chair du noyau). 
  • Il est souvent sale autour de la bouche, ou sur le tee-shirt, après le repas. 

Dans les cas plus importants, il peut avoir un rapport particulier à la nourriture, il peut avoir des réactions nauséeuses à la vue de certains aliments ou en sentant certaines textures (hypersensibilité au goût). Lʼensemble de ces difficultés sʼestompera avec le temps chez une majorité dʼenfants. 

Au niveau du langage oral 

L’enfant atteint de dyspraxie ne sait pas toujours comment placer sa bouche pour parler ou faire d’autres gestes oraux tels que contrôler sa salive, souffler, mastiquer, boire ou se moucher.

Pour l’enfant dyspraxique, il est difficile d’apprendre à parler, car PARLER exige la coordination de beaucoup de MOUVEMENTS : des lèvres, de la langue, des joues, des cordes vocales, de la respiration. Plus les mots sont longs, plus il y a de mouvements à faire et plus c’est difficile pour l’enfant.

La dyspraxie verbale

Dans le cas d’une dyspraxie oro faciale (dyspraxie verbale), l’enfant aura des difficultés d’élocution. La dyspraxie verbale est un trouble relié à la prononciation, et non à la compréhension, à l’apprentissage du vocabulaire ou à la construction des phrases. Plus précisément, l’enfant qui a une dyspraxie verbale a des difficultés importantes à planifier les mouvements nécessaires pour parler.

La dyspraxie verbale est un trouble du mouvement pour produire la parole. Ce trouble n’est pas dû  à un manque de stimulation.

L’enfant atteint de dyspraxie verbale ne sait pas toujours comment placer sa bouche ou faire d’autres gestes oraux tels que contrôler sa salive, mastiquer, boire ou se moucher…

Comme expliqué ci-dessus, parler exige la coordination de nombreux mouvements. Plus les mots son longs, plus il y a de mouvements et plus c’est difficile.

On pourrait constater sur l’enfant qu’il :

– babille et parle très peu

– fait des efforts pour bien placer sa bouche afin de dire des sons et des mots

– prononce le même mot de plusieurs façons bateau bato pato to tato

– produit un son dans un mot mais ne peut le reprendre dans d’autres faire le son m de maman mais n’y arrive pas dans maison

– contrôle difficilement sa salive (peut même baver), montre des difficultés à avaler les gros morceaux

– prononce des syllabes seules comme « mou » et « ton » mais est incapable de les mettre ensemble pour former un mot

Pour l’aider, il faut :

*ne pas le brusquer et laisser du temps pour s’exprimer

*l’encourager à communiquer et trouver des supports geste son intonation images

*Toujours se placer en face et articuler clairement pour qu’il voie les mouvements de la bouche

*Lui faire sentir que ce qu’il dit est important

*Mettre de l’expression dans votre visage et votre voix

*Recherchez des activités où les sons simples ont une signification

*Prendre du temps et du plaisir à communiquer, s’appuyer sur ses intérêts pour le motiver

*Mettre des gestes pour accompagner les actions

Au niveau de la concentration

L’enfant est mono tâche (une seule chose à la fois) et cela vaut aussi pour la concentration.  

Parce qu’en difficulté de discrimination auditive (il entend tout), il peut sembler ne pas écouter, il est facilement distrait et peut avoir du mal à se concentrer en classe. 

La nécessaire concentration pour tous les gestes augmente la fatigue et donne l’impression qu’il manque d’attention et qu’il est rêveur.

Il peut oublier facilement les instructions et consignes parce qu’il gère difficilement deux informations en même temps ; il vous faut répéter voire reformuler si les informations sont complexes et longues. Il fera une chose à la fois, une consigne à la fois.

Il répond souvent de façon impulsive, pour faire plaisir. Cette impulsivité dans les réponses est souvent source dʼerreurs, alors quʼil répondra correctement sʼil observe un temps de réflexion.

Mais aussi, en difficulté d’abstraction, il va répondre au sens littéral de la question, sans en percevoir son sens implicite. La formulation de la question est donc essentielle.

Ces troubles sont aggravés par une hypersensibilité aux bruits ambiants, ce qui accentue encore la fatigue et lʼénervement.

Néanmoins, il est nécessaire de faire une recherche sur les troubles attentionnels isolés ou associés à de lʼhyperactivité en raison de la fréquence d’associations des divers troubles des apprentissages. 

Au niveau du repérage dans le temps

L’enfant peut rencontrer des difficultés à mémoriser la suite des jours de la semaine, se repérer dans la succession des activités de la journée, connaître les dates (jour/veille/lendemain), la suite des saisons ou sa date anniversaire. Il est préférable d’utiliser un agenda à  la place d’un cahier de texte. 

Au niveau social et relationnel

Socialement, il arrive que certains enfants dyspraxiques puissent avoir des attitudes inhabituelles, parfois étonnantes voire dérangeantes. 

Concentré sur une tâche, il ne peut sʼempêcher de faire des mouvements parasites, par exemple ( il ouvre la bouche, grimace, tire la langue, tripote un objet, bouge les jambes…) ce qui est parfois perçu comme « bizarre », « dérangeant » ou « énervant ». Il sʼagit en fait de mouvements involontaires, donc peu contrôlables, quʼil est vain dʼessayer de « réprimer ». Il peut tomber de sa chaise.

Plus fréquemment, il « se met dans vos jambes », se tient trop près. Il dose mal ses mouvements. 

De la même façon, il serre trop fort quand il embrasse les gens ou bien ne présente pas sa joue car il évalue mal les distances.  

Il nʼinteragit pas en fonction de lʼautre au niveau de lʼoccupation de lʼespace. 

Dans les situations de communication en particulier dans un groupe, il doit gérer trop dʼactions simultanément pour être à l’aise.  

Par rapport à ces difficultés motrices, il lui est difficile d’écouter, de regarder les autres, de décoder le langage non verbal (expression du visage, timbre de la voix), de supporter lʼagitation et le bruit, de respecter les distances entre les personnes. Et plus encore lorsque ces actions sont simultanées. Cela lui demande tant dʼefforts que, fatigué, il peut éprouver le besoin de se mettre en retrait (il sʼisole parfois lors des récréations, lors dʼune fête). 

Il peut avoir aussi des difficultés à structurer son discours et il lui est plus facile de répondre à des questions précises. Il peut parler trop fort ou sʼexprimer avec beaucoup dʼenthousiasme : certains battent des bras quand ils sont excités. Il est en difficulté pour gérer ses émotions. 

Lorsqu’il s’exprime, il peut aussi toucher quelquefois son interlocuteur, ce qui est souvent mal toléré. 

L’enfant dyspraxique peut être gêné par un dysfonctionnement de son système sensoriel : il perçoit trop ou pas assez certaines informations sensorielles. Une information visuelle non stable pousse à se fier davantage au toucher. Les enfants souffrant en particulier de dyspraxie visuo-spatiale nʼappréhendent pas lʼenvironnement de manière ordinaire. 

Il semble regarder ailleurs quand on lui parle, il fournit un réel effort pour maintenir son regard. Ce regard fuyant nʼest ni de lʼimpolitesse, ni de lʼinattention, mais une conséquence de ses problèmes visuels et de la nécessaire concentration au discours qu’il doit faire. Certains reconnaissent mal les visages et les expressions (peu la colère, la joie, l’interrogation,…) de ces visages. Ce qui a fait penser trop longtemps à des troubles autistiques alors que l’enfant dyspraxique est réellement dans l’échange. 

Il apparaît nonchalant (difficulté à la posture), il bâille lorsque vous lui parlez, il a du mal à soutenir son attention. Rappelez-vous quʼil est très fatigable : ce comportement nʼest pas forcément lʼexpression dʼun désintérêt. 

Lʼenfant peut avoir des difficultés à réaliser des gestes simples comme se moucher, sʼessuyer après être allé aux toilettes, fermer leur braguette et le bouton de leur pantalon, couper leur viande, peler un fruit, ne pas oublier de se laver les parties non visibles (aisselles, nuque, …). Au-delà dʼun certain âge, ce manque dʼautonomie est mal toléré et mal compris socialement.

Pour se protéger, certains enfants peuvent éviter ou refuser obstinément les situations nouvelles, les changements dʼhabitudes, les lieux pas encore explorés. On les pense alors craintifs, immatures, incapables de sʼadapter, alors que ce comportement leur est dicté par une certaine impuissance à décoder leur environnement aussi vite et bien que les autres. Dʼautres, au contraire, se précipitent trop rapidement au-devant de situations où leur comportement sera incompris.  

Les efforts dʼadaptation dus à la dyspraxie entraînent une grande fatigue, qui nʼest pas toujours perçue par lʼentourage. Celui-ci ne réalise pas non plus que lʼenfant cherche à éviter les situations coûteuses en énergie.

Tous ces phénomènes rendent difficile à lʼenfant lʼappréhension dʼune juste distance sociale et la bonne évaluation des codes sociaux. 

Le diagnostic de dyspraxie

Le diagnostic est pluridisciplinaire, il nécessite un bilan d’orthophonie, un WISC4, un bilan d’orthoptie, un bilan de psychomotricité et un bilan d’ergothérapie. Ce diagnostic est posé par un neuro pédiatre. L’enfant doit toujours être évalué par rapport à un enfant du même âge. 

A savoir : les grands prématurés présentent d’avantage de risques d’être dyspraxiques que d’autres.

Qu’est-ce qu’une praxie ? 

Il s’agit d’un geste qui est le résultat d’une coordination motrice volontaire (non spontanée) issue d’un apprentissage ; par exemple, le laçage des chaussures, couper la viande, utiliser une fourchette sont gestes appris et culturels. Ils deviennent automatiques. On ne réfléchit plus lorsque l’on met son manteau, lorsque l’on ouvre une porte. 

Pour un enfant dyspraxique, cet automatisme est défaillant ou inexistant, il doit donc penser chaque détail.  

Mais aussi, toute praxie spécifique demande une conceptualisation de la tâche, et une planification de cette tâche. 

Or, les enfants dyspraxiques sont en défaut d’organisation et de planification. Ils seront donc lents dans leurs réalisations en raison de leurs difficultés pour percevoir, traiter les informations perçues par les sens, organiser et planifier leur geste. Et malgré leurs efforts, leur geste sera souvent peu harmonieux. 

De la même façon, ils n’anticipent pas. Debout dans un bus par exemple, lors d’un virage, ce sont les enfants dyspraxiques qui tomberont ; les autres se seront penchés pour anticiper ce virage.  

Cette difficulté à organiser la coordination de gestes volontaires peut se décrire comme suit :

A table, lorsque vous voulez boire, vous attraperez la bouteille d’eau, de façon automatique, et vous vous servirez un verre. Vous n’y pensez même pas.

L’enfant dyspraxique, lui, doit regarder la bouteille pour ajuster l’envoi de sa main, ouvrir plus ou moins sa « pince » selon que la bouteille est petite ou grosse, serrer plus ou moins selon qu’elle est plastique ou en verre, mettre plus ou moins de force, selon qu’elle est plaine ou vide, etc… Quant au bouchon, visser dévisser, ce n’est pas gagné. Il reste encore à viser le verre…

Tous ces gestes, une personne non dyspraxique n’y portera pas d’attention particulière car ils sont automatiques. L’enfant dyspraxique, lui, devra au contraire y faire particulièrement attention s’il ne veut pas renverser la bouteille.

Et il en est ainsi de chaque geste.

Mais en plus, cet enfant pourra être capable de se verser de l’eau proprement un jour, et incapable de recommencer le même jour un peu plus tard. Les résultats de ses gestes sont fluctuants car ils dépendent aussi de sa fatigue du moment.

Les signes qui doivent interroger, en particulier lorsqu’ils sont petits 

  • Une maladresse fréquente: il peut renverser, casser, faire tomber ce qu’il touche, ce qu’il frôle
  • Une grande lenteur pour des actes simples
  • Une aide nécessaire à l’habillage : chaussettes, lacets
  • Des difficultés pour s’essuyer après la passage aux toilettes
  • Il va toujours aux toilettes au dernier moment, a du mal à «se retenir»
  • Ses sensations (de froid, de chaud, de douleur,…) peuvent être amoindries
  • Il n’aime pas jouer aux Lego, aux puzzles, au mécano et à tous les jeux de constructions,…
  • L’apprentissage du vélo sans roulettes est tardif
  • Se déplace en ligne droite quels que soient les obstacles

Les signes qui doivent interroger, en particulier lorsqu’ils sont plus grands 

  • Une maladresse fréquente qui perdure: il peut renverser, casser, faire tomber ce qu’il touche, ce qu’il frôle
  • Une grande lenteur qui perdure
  • Il découpe toujours mal, ses dessins paraissent immatures
  • Il a du mal à poser les opérations et préfère le calcul en ligne
  • Il ne serre pas suffisamment ses lacets
  • Il oublie de se laver les parties non visibles : sous les bras, la nuque…
  • Il a du mal à retrouver ses affaires, à ranger, à s’organiser
  • Ses sensations (de froid, de chaud, de douleur,…) peuvent être amoindries : l’entourage est parfois obligé d’indiquer sʼil est nécessaire d’enlever son pull ou de mettre un manteau 

La pose d’un diagnostic permet enfin de mettre des mots précis sur des difficultés que vous remarquiez sans pouvoir les cerner. Pour arriver jusque-là, nous savons que vous avez déjà entamé un parcours du combattant, mais ce n’est encore que le début. Enfin, les aides et rééducations adéquates vont pouvoir se mettre en place. 

Les difficultés rencontrées par votre enfant, suivant son degré de dyspraxie et la présence éventuelle d’autres handicaps associés, vont demander aides et adaptations pendant plusieurs années. 

Il s’agit maintenant de l’accompagner et de le soutenir tout au long de ce chemin vers l’autonomie et vers son plein épanouissement. 

Suivant l’âge auquel votre enfant est diagnostiqué, vous pourrez lui expliquer, dialoguer avec lui et trouver les mots adaptés à son âge autour de ce diagnostic pour l’aider à sortir d’un éventuel isolement et à mieux vivre le sentiment d’être différent. Les rééducations sont longues et variées, il est absolument nécessaire qu’il soit preneur de ces rééducations. En effet, on ne peut rien faire sans la volonté de l’enfant. 

N’oubliez pas que dans l’univers de la dyspraxie, les objets peuvent se révéler de cruels ennemis. Chaque jour devient donc le théâtre d’une lutte invisible et d’une victoire sur ce cerveau qui parfois nous joue des tours.

Votre rôle consiste à faciliter la vie quotidienne de votre enfant plutôt que de le contraindre à se conformer à une norme qui n’est pas faite pour lui.

N’ayez aucun scrupule à l’aider, partout et en tout, car lorsqu’il se sentira de faire, il fera et vous écartera. Ayez confiance en lui.

ATTENTION, ne pas confondre avec l’apraxie et l’agraphie. Dans les deux cas, la personne n’avait pas de difficulté au départ.

L’apraxie est un trouble qui rend une personne incapable de réaliser un ou plusieurs mouvements, notamment sur commande. Ce déficit neurologique concerne aussi bien la conceptualisation que l’exécution du geste proprement dit. L’apraxie se distingue d’autres troubles du mouvement par le fait que cette incapacité survient chez une personne dont l’ensemble des fonctions motrices et sensitives de base sont normales. L’apraxie est donc un désordre dans l’exécution des mouvements et plus particulièrement dans une séquence de gestes (apraxie dynamique). Plusieurs apraxie : l’apraxie buccofaciale – également appelée bucco-linguo-faciale, l’apraxie constructive, l’apraxie frontale, l’apraxie graphique, l’apraxie de l’habillage, l’apraxie idéatoire, l’apraxie idéomotrice, l’apraxie de la marche, l’apraxie motrice, l’apraxie réflexive.

L’agraphie. Trouble de l’écriture, l’agraphie est due à une lésion cérébrale. Elle peut prendre diverses formes selon l’aire cérébrale touchée et se prend en charge avec une rééducation. L’agraphie apraxique est le résultat d’un désordre neurologique concernant la motricité, qui entrave les gestes élémentaires permettant normalement l’écriture. Il s’agit de la perturbation de la répartition spatiale des éléments graphiques. 

Dyspraxie : conséquences et comorbidité 

L’enfant dyspraxique a des difficultés dans la vie quotidienne, mais son handicap lui fait bien souvent développer des points forts variés, dans des domaines différents qu’il faut savoir reconnaître et encourager : la mémoire, la culture générale, le sens artistique, le goût pour l’expression orale, la capacité d’écoute et d’empathie … 

Il ne faut jamais oublier que chaque enfant est différent en fonction de lʼintensité des troubles, des types de gestes touchés, de lʼassociation éventuelle avec dʼautres troubles neuropsychologiques : (dysphasie, dyslexie, dyscalculie, troubles de la mémoire, troubles des fonctions exécutives (fonctions qui planifient lʼexécution), troubles de lʼattention avec ou sans hyperactivité (TDAH), troubles visuels) mais aussi de sa personnalité, du milieu socio culturel, etc…. Certains enfants dyspraxiques ne savent faire du vélo quʼà 14 ans, nʼapprennent à nager quʼà 12 ans, ne sauront pas faire leurs lacets avant 15 ans.

L’enfant évolue également par lui-même, et met en place des stratégies compensatrices souvent adaptées à ses capacités. Il faut donc prendre le temps de faire « le tour » de l’enfant pour pouvoir mieux l’aider. 

Mis en confiance, il saura utiliser certains de ses points forts et arrivera à réaliser des actions quʼil ne pouvait faire plus petit. 

Troubles fréquemment associés, à rechercher dans tous les cas : 

  • la dysgraphie qui est inhérente à la dyspraxie
  • la dyscalculie, fréquente en raison des difficultés d’abstraction

Mais aussi, bien sûr : 

Dyspraxie… Quelles rééducations ? 

Selon le type de dyspraxie, les troubles associés et le profil de lʼenfant, plusieurs rééducations pourront être mises en place :

psychomotricité: motricité globale, schéma corporel dans lʼespace, équilibre, coordination des membres… Se sentir dans son corps et dans l’espace.

orthoptie: rééducation des stratégies du regard, exploration visuelle, calibrage des saccades, motricité oculaire, convergence ou divergence selon les cas…

ergothérapie: l’utilisation de l’outil, gestes de la vie quotidienne, stratégies gestuelles séquencées pour lʼhabillage, la préparation du cartable, les lacets, le découpage, travail sur l’abstraction, l’anticipation, …etc. Et surtout lʼapprentissage du clavier avec différentes techniques (clavier caché, gommettes de couleur…). Mais aussi, les tableaux à double entrée, la pose des opérations,…. C’est la rééducation principale, équivalente à l’orthophonie pour les dyslexiques.

orthophonie: mise en place de la lecture, articulation, rééducation dʼune éventuelle dyspraxie bucco-faciale (difficultés à avaler, phonation…). Selon les cas, mais c’est fréquent, rééduquer la dyscalculie et le raisonnement logico mathématiques.

psychologie: lʼenfant doit souvent gérer sa différence à lʼécole et dans sa famille, tout en acceptant des contraintes supplémentaires puisquʼil doit pratiquer de nombreuses heures de rééducation. Sʼil est déprimé, sʼil ne trouve pas sa place dans sa fratrie, il peut bénéficier dʼun soutien psychologique. 

Il est nécessaire de planifier ces rééducations au risque que l’enfant ne se retrouve avec un agenda bien trop chargé pour un enfant de son âge. 

Dyspraxie :quelques conseils

Pensez à le responsabiliser mais la responsabilisation sera toujours proportionnée à ses capacités. On peut leur confier certaines tâches peu complexes : ranger les couverts, mettre leurs affaires dans la corbeille du linge sale, porter des messages, accrocher leurs affaires sur un porte-manteau à leur hauteur… Il faut chercher à développer l’intérêt de lʼenfant pour toutes les activités qui nécessitent de la logique et leur proposer de suivre une série déterminée dʼétapes (exemple : la cuisine). 

Il vaut mieux privilégier les responsabilités simples et ponctuelles qui seront gratifiantes et permettront à lʼenfant dʼévoluer par sa propre expérience. La valorisation de ses réalisations est essentielle. Pour un aîné, on trouvera toujours certaines tâches qui permettent dʼaider les plus petits (mettre une cassette dans le magnétoscope, accompagner le petit frère aux toilettes…). Même si leur compétence gestuelle est moindre, il faut maintenir le rang de lʼenfant dans sa fratrie. 

On ne les écartera pas de la participation aux tâches domestiques sous prétexte de ses difficultés manuelles, mais au contraire on cherchera à lui confier des travaux simples, en soulignant les progrès accomplis. 

Pour les difficultés de repérage dans le temps, on cherchera à respecter une ritualisation des activités de la journée, à verbaliser tout changement dans l’organisation. Pour aller plus loin, on pourra chercher à « manipuler » la notion de temps en utilisant des repères visuels sur les calendriers, les éphémérides. On offrira une montre digitale plutôt qu’une montre à aiguilles (ils peuvent avoir du mal à percevoir les graduations). 

L’acquisition de l’autonomie et l’estime de soi. 

Rappel : l’autonomie n’est pas de faire les choses mais bien de savoir ce qu’il y faut faire et à qui s’adresser pour le faire. 

Dans tous les cas, l’enfant dyspraxique souhaite acquérir son autonomie plus encore que l’enfant ordinaire. Il est donc important de le suivre. Il fera seul dès qu’il sera en capacité de faire seul. En attendant, il est essentiel de l’aider autant qu’il est possible de le faire, d’organiser autour de lui. Il faut lui faciliter la vie et adapter, contourner avec lui, au moyen d’astuces, toutes les difficultés rencontrées. Lui faciliter la vie, c’est : se faciliter la vie.

De toute façon, il faut prendre en considération sa fatigue, le temps disponible, l’urgence de la situation et la priorité sur les actes essentiels. 

Toujours en décalage avec des enfants du même âge, il pourra, de mieux en mieux, contourner ses difficultés. Par contre, il faut absolument mesurer et reconnaître les efforts qu’il doit, sans cesse, opérer.

Attention à ne pas l’infantiliser, ni le materner au-delà du nécessaire mais prendre en compte ses particularités.

L’estime de soi s’apprend d’abord dans la famille

Pensez à valoriser ses essais quel que soit le résultat car sa confiance en lui est très fragile. Mais veillez à ne pas oublier les frères et soeurs, qui se sentent parfois délaissés. IL est nécessaire d’expliquer aux frères et sœurs les différences pour induire également les différences de traitement en cas de bêtise. 

Privilégier lʼapprentissage par l’oral. Pratiquer un langage oral toujours très précis.

L’enfant dyspraxique nʼapprend pas de façon spontanée en regardant lʼautre, il nʼapprend pas par imitation. Il est donc inutile de lui dire : « Regarde ! Il faut faire comme cela, tu vois ? ». Pour certains enfants, cela peut même être contre-productif. 

Vous pouvez le guider verbalement à accomplir certains gestes. Essayer de verbaliser lʼaction, de décomposer le geste en séquences, cʼest lʼaider à analyser ses gestes pour quʼil puisse mieux se les approprier. L’enfant dyspraxique « fait d’abord dans sa tête ». La présence dʼun adulte lʼaide à se remémorer lʼordre dans lequel accomplir les séquences de gestes (accompagnement auditivo-verbal). Laissez-le parler tout haut : cela lʼaide pour réfléchir, mémoriser, planifier ses gestes. 

Parfois, lʼenfant parle beaucoup (en voiture par exemple) parce que son corps se repose et quʼil nʼa aucun geste à penser. Sa réflexion est alors libre pour la communication : ne faites surtout pas taire votre enfant, cʼest un moment privilégié de communication. Vous pourrez être alors très surpris de tout ce quʼil a emmagasiné comme informations dans des situations où il pouvait sembler absent. 

Il est encore plus difficile aux enfants qui maîtrisent mal la parole, de montrer ce dont ils sont capables intellectuellement : il vous faudra faire preuve de patience pour comprendre ce quʼils veulent exprimer.

La dyspraxie et l’entourage

L’entourage doit également prendre l’habitude de s’appuyer sur l’oral pour aider l’enfant

  • Lui donner des indications précises sʼil cherche un objet. Ne pas désigner un endroit avec le doigt mais dire le nom de la pièce, la localisation (droite, gauche, haut, bas…)
  • Veiller à ce quʼil soit bien concentré et éventuellement le « ramener » vers la tâche à accomplir
  • Lʼaider à planifier ses séquences gestuelles, par exemple, en le questionnant : quʼes-tu en train de faire ? Que dois-tu faire ? Où en es-tu ?
  • Parler clairement à un rythme modéré en respectant des pauses pour faciliter lʼassimilation de la consigne et insister sur les mots clés.
  • Ne pas lui donner plusieurs consignes à la fois. Quand il est en train dʼaccomplir une tâche, ne pas le stresser : en lui demandant de se dépêcher, ne pas lʼassaillir de commentaires pour ne pas le distraire car cet enfant dyspraxique est mono tâche et ne peut faire deux choses à la fois.

 Il est possible aussi dʼaider lʼenfant à faire, en cherchant à créer des sensations corporelles mémorisables et reproductibles. 

Pour quʼil réussisse à acquérir un geste sollicitant fortement ses capacités de motricité fine, vous pouvez le guider, non pas en lui demandant de vous regarder et de vous imiter (ne pas lʼinviter à reproduire un geste « en miroir »), mais en vous plaçant derrière lʼenfant, lui prenant la main et faire le geste avec lui, soit sur lui, soit sur vous-même (par exemple pour lui apprendre à se coiffer, sʼessuyer, tirer les rideaux, glisser une clé dans la serrure, tartiner, etc.). 

Apprendre à améliorer ses compétences sociales

Certains apprentissages sʼappuient sur lʼimitation : parce quʼon lʼa vu et intégré, on sait comment on dit bonjour, comment on se tient sur une chaise, comment on réagit dans telle ou telle situation. Cet apprentissage se fait de façon moins spontanée chez lʼenfant dyspraxique. En effet, tout ce qui requiert une stratégie visuelle lui échappe. De ce fait, un guidage oral sera aussi nécessaire ainsi quʼun entraînement à la maison : expliquer aux enfants de ne pas trop sʼapprocher des gens, de ne pas les toucher trop brusquement, de regarder dans les yeux la personne qui leur parle, de ne pas baisser la tête quand on veut l’embrasser… 

C’est un apprentissage parfois long et difficile : ne soyez pas trop exigeant. 

Plusieurs petits jeux pourront le sensibiliser à la communication non verbale. Cela lʼaidera à avoir un comportement adapté. Mimer chacun son tour une expression et faire deviner à lʼautre le sentiment exprimé (le dégoût, la tristesse, la joie, le doute….), faire jouer des situations à des poupées ou des marionnettes. Plus généralement, les exercices de théâtre sont excellents. 

Accepter la dyspraxie

Dans lʼacceptation de toute forme de handicap, il y a au moins deux composantes :

  • l’acceptation par lʼentourage
  • lʼacceptation par lʼenfant lui-même.

Les deux mouvements peuvent fluctuer suivant le cheminement de lʼenfant et de sa famille. 

L’enfant dyspraxique perçoit très bien quʼil est moins performant que sa fratrie ou que ses copains à lʼécole. Il comprend aussi que son corps ne lui obéit pas aussi bien que celui des autres enfants. « Je ne fais pas ce que je veux, ma main ne dessine pas ce que jʼai dans la tête, je connais les réponses au contrôle mais je ne sais pas comment les organiser sur ma feuille… » 

En étant à lʼécoute de votre enfant, en essayant de voir le monde comme lui le perçoit, vous saurez trouver les mots nécessaires pour lui expliquer quʼil fonctionne différemment, que réaliser des choses simples lui demande plus dʼefforts, dʼattention et de temps.

Ces explications devront être données également aux proches et à lʼécole, ce qui permettra une meilleure compréhension de lʼunivers de votre enfant, et une meilleure acceptation de cet handicap, aussi bien par lui-même que par les autres.

Ne surtout pas oublier que l’enfant dyspraxique est souvent un gros dormeur ce qui nécessite une rythme de vie équilibré. La régularité des actes de la vie quotidienne sur des temps définis lui permettra d’être plus efficace et rassuré.

Dyspraxie : Les meilleurs conseils

(à adapter selon l’enfant et l’âge)

L’habillage

On peut contourner les difficultés en supprimant tous les systèmes de fermeture : boutonnage, laçages et en préférant les velcros et les élastiques … Pour que lʼenfant soit le plus autonome possible. Mais il ne faudra pas, pour autant, oublier d’expliquer ces contournements lors de la visite médicale.

Veiller à ce que lʼenfant soit confortablement installé et ne soit pas dérangé au moment de s’habiller.

Les chaussettes
  • Veiller à acheter des chaussettes bien élastiques, qui « sʼouvrent » facilement.
  • Lui montrer comment « faire une petite maison » pour mettre le bout de son pied.
  • L’aider à mettre le début de la chaussette, à lui dʼenfiler le reste. 
Les chaussures
  • Préférer les chaussures à velcro ;
  • Peindre un point de couleur sur la semelle de ses chaussures pour éviter que lʼenfant ne se trompe de côté, ou mettre D et G quand il sait lire ;
  • Utiliser des «stoppeurs» pour lacets à faire coulisser jusquʼau réglage souhaité ;
  • Utiliser également des lacets entortillés en forme de ressort sur lesquels il suffit de faire un noeud simple ou de les croiser plusieurs fois pour faire lien efficace (en vente chez les cordonniers et sites spécialisés) ;
  • Pour lʼentraîner à nouer ses lacets : utiliser des lacets de couleurs différentes attachés ensemble pour lʼaider à percevoir où positionner les lacets pendant l’apprentissage ;
  • S’entraîner sur une chaussure « exercice » à poser à côté de soi.
  • Ne jamais s’énerver. L’ergothérapeute également aidera l’enfant à réussir. 
Les fermetures « Éclair »

Accrocher un « anneau brisé » en métal (utilisé pour rassembler des clés) pour que la fermeture soit plus facile à saisir et à manipuler. 

Le rangement

  • Ranger ses affaires dans un placard ou des tiroirs faciles dʼaccès : coller des photos sur le bon emplacement pour lʼaider à retrouver ses affaires ou, dès qu’il sait lire, inscrire le mot qui convient sur le tiroir. Veiller ensuite à ne plus modifier ces emplacements.
  • Choisir avec lui les affaires pour le lendemain et les ranger dans un ordre logique sur une chaise.
  • Marquer ses vêtements, ses sacs et toutes ses affaires dʼécole avec son nom, de manière vraiment systématique. Cela en facilitera la reconnaissance, par lui même ou ses camarades en cas dʼoubli.
  • Ces oublis peuvent s’avérer fréquent, ne jamais s’énerver – prévoir plutôt les affaires en double. 

La propreté

Lʼenfant dyspraxique peut être en retard pour acquérir la propreté. Il se contrôle mal, demande à aller aux toilettes au dernier moment et a fréquemment de « petits accidents ». Il a également besoin dʼaide tardivement pour faire sa toilette et sʼessuyer, au-delà dʼun âge courant. Il « oublie » de laver les parties non visibles de son corps (aisselles, nuque, etc…).

Pour aider les plus petits, on peut …
  • prévoir un pot « fauteuil »avec des accoudoirs pour se tenir et se lever facilement ;
  • mettre une marche en plastique pour quʼil monte facilement sur les toilettes ;
  • placer un réducteur de toilette.
Jusqu’au collège, on peut…
  • lui rappeler fréquemment dʼaller aux toilettes ainsi que la séquence des gestes à pratiquer, voire lʼobliger à y aller sans en sentir le besoin (car le besoin naît en même temps que lʼurgence),
  • l’habiller avec des habits pratiques (ni boutons ni agrafes),
  • prévenir l’enseignant de ne pas différer la demande de passage aux toilettes,
  • prévoir des changes pour lʼécole en cas dʼaccident. 
Pour la toilette, on peut…
  • utiliser du savon liquide (qui mousse plus facilement que le savon en pain), 
  • lui mettre un peignoir de bain et lui apprendre à passer les mains sur son corps pour se sécher (ce qui lui permet également de « mieux sentir son corps »),
  • pour se brosser les dents : utiliser de préférence une brosse à dent électrique. 

Les repas

Veiller :

  • à ce que lʼenfant soit bien assis, les pieds par terre (ajouter un repose-pieds sʼil nʼest pas assez grand), le dos bien calé et que la table ne soit pas trop haute. (Éviter quʼil ne soit perché sur des coussins instables),
  • à lui donner des couverts adaptés à sa taille (tordre éventuellement le manche pour faciliter la préhension),
  • à utiliser des petites cuillères profondes,
  • à garder un gobelet avec un couvercle assez longtemps,
  • à mettre « un set de table » pour éviter que son assiette ne bouge (on trouve en commerce spécialisé des sets antidérapants en latex),
  • à utiliser des assiettes creuses type “céréales” avec un rebord (plutôt que des bols trop profonds) pour éviter de renverser la nourriture,
  • à lui mettre un tablier en plastique type peinture pour le protéger (pour les petits),
  • à ne pas trop remplir son assiette ou son verre,
  • à lʼaider à couper la viande, éplucher les fruits, même à un âge avancé
  • à lʼentraîner à couper en lui proposant de couper des aliments mous : banane, poire, fromage, et petit à petit de la viande tendre.
  • vous pouvez également lʼaider à sʼentraîner sur de la pâte à modeler,
  • à lui confier des responsabilités : mettre les céréales dans le bol, lʼentraîner à verser son lait ou lʼeau avec une bouteille peu remplie. 

Certains enfants peuvent au cours dʼun repas arrêter de manger parce que lʼacte de chercher les aliments, piquer avec la fourchette, effectuer ce geste de multiples fois, leur demande trop dʼefforts. Cela entraîne même chez certains des tensions quʼils peuvent avoir besoin d’évacuer en quittant la table quelques minutes.  

Il faut soit le laisser manger avec les mains (le jambon ou le poulet par exemple), soit lui couper la viande, soit accepter qu’il coupe de gros morceaux qui provoqueront une digestion plus difficile.  Il ne sert à rien de le laisser en difficulté devant un fruit à peler. 

Le moment du repas est un moment particulièrement éprouvant pour l’enfant dyspraxique : il lui faut à la fois garder une position «correcte» (il a tendance à se maintenir à lʼaide des coudes, voire à reposer la tête dans la main et donner l’impression de mettre la tête dans l’assiette plutôt que de lever le coude), utiliser les couverts, éviter que verre et couverts ne tombent de table. 

Certains mastiquent la bouche ouverte. Il est important d’être compréhensif sʼils ne mangent pas proprement : il leur faudra plus de temps pour effectuer cet acte quotidien de façon correcte. 

Si vous voyez que votre enfant ne mange pas à cause de lʼépuisement gestuel, nʼhésitez pas à lui donner à manger bien au-delà de lʼâge conventionnel. 

Les loisirs, le sport

Beaucoup désirent pratiquer des activités sportives et loisirs manuels qui peuvent sembler difficiles au premier abord : ski, vélo, tir à lʼarc, judo, poney, poterie, peinture… Aucune activité nʼest à proscrire, mais il sʼagira dʼadapter la pratique aux capacités et aux goûts de lʼenfant, en veillant à positiver ses efforts.

Il faut en particulier tenir lʼintervenant sportif informé afin quʼil comprenne les difficultés de lʼenfant, quʼil explique patiemment et sʼadapte aux limitations praxiques.

Les sports de compétition, notamment en équipe, où lʼenfant moins habile peut être facilement « mis de côté » sont à envisager après réflexion avec les moniteurs/entraîneurs et lʼenfant (basket, handball, football, mais aussi gymnastique par équipe, natation etc.).

Lʼéquipe doit être capable dʼaccepter un « jeu » un peu différent (il est parfois possible dʼinscrire lʼenfant dans une équipe plus jeune que sa tranche dʼâge).

Néanmoins, des surprises sont à attendre si l’enfant est très motivé pour un sport. Il peut alors déplacer des montagnes.

En matière de loisirs, les enfants dyspraxiques ont souvent une prédilection pour les activités faisant appel à lʼimagination plus quʼaux jeux sollicitant lʼhabileté manuelle (comme les puzzles, les jeux de construction). 

Voici une liste dʼactivités dont votre enfant peut sans doute, parmi dʼautres, user sans modération :

  • les déguisements (jeux de rôle), les marionnettes, les figurines des dessins animés (inventer des histoires), les poupées et les dînettes, les voitures et les garages, tous les animaux (ferme, jungle, mer, dinosaures, oiseaux…),
  • les logiciels informatiques, les jeux vidéo (qui ont l’avantage d’apporter plus de dextérité aux mains et aux doigts, à la coordination des mouvements, mais aussi à la recherche visuelle et développe les rélexes ) ;
  • les sorties culturelles (théâtre, cinéma, concerts, expositions, visites de musées, de villes, de châteaux, de jardins, de parcs animaliers…) et les voyages (prévoir éventuellement un temps de repos avant et après chaque visite),
  • les films en vidéo, les documentaires, les livres enregistrés, la musique,
  • la cuisine,
  • les jeux de baby foot (entraînement coordination oeil-main, rotation du poignet, anticipation des directions), avec un panier de basket, le badminton, le trampoline (pour muscler et travailler lʼéquilibre),
  • les pratiques artistiques (théâtre, danse, musique, arts plastiques…) en recherchant plaisir et épanouissement plus que performance et élitisme.

Pensez à des solutions simples de substitution

Si skier est impossible : la luge, les promenades en raquettes, les balades en traîneaux seront aussi des occasions dʼapprécier les loisirs dʼhiver.

En attendant de savoir faire du vélo, une trottinette permettra à certains dʼapprendre lʼéquilibre.

Si la natation sʼavère hors de portée, pensez aux jeux et aux sauts en piscine (qui permettent de sentir son corps autrement).

Leur apprendre les mouvements des bras et des jambes séparément, et surtout à être à lʼaise sous lʼeau avant de passer à lʼapprentissage classique de la nage.

Toute activité doit rester un plaisir, un moment où lʼenfant nʼest pas mis en échec et peut sʼépanouir. En la matière, un seul conseil : laissez-vous guider par votre enfant.  

Les remédiations possibles …

Avant tout, il ne faut jamais oublier que l’enfant dyspraxique cherche à faire plaisir et fera tout ce qui est en son pouvoir pour réussir. Et il ne ménage pas ses efforts. S’il n’y arrive pas, c’est donc qu’il a une difficulté avec « ses » outils, que le support proposé ne convient pas, qu’il n’a pas entendu la consigne, etc…

Mais il faut laisser tomber les : « il ne veut pas, il est faignant, il est rêveur, il n’écoute pas, etc… »

Il est important de connaître les répercussions scolaires possibles des dyspraxies :

« Pourquoi lʼenfant est en difficulté, comment lʼaider ? »

En effet, tous les enfants nʼont pas les mêmes difficultés et nʼauront pas besoin des mêmes adaptations. 

Le rôle des parents est essentiel, car lʼécole a bien du mal à sʼadapter aux divers rythmes dʼacquisition des élèves. Les parents doivent pouvoir revoir les notions vues en classe et aider à leur consolidation tout en privilégiant lʼaspect ludique des activités, à la condition que l’enfant ne soit pas trop fatigué.

Il est important de ne pas le surcharger de travail après sa journée de classe, sachant que cette fatigabilité est importante et découle des efforts fournis dans la journée.

Il est préférable de demander à lʼenseignant des « aménagements » scolaires plutôt que des « allégements ». En effet, l’enfant dyspraxique est capable de faire si ce qui est demandé est aménagé. Pour éviter que naisse une jalousie dans lʼesprit de ses camarades qui peuvent voir lʼenfant dyspraxique comme « privilégié », une intervention de la part du psychologue scolaire ou un dialogue à lʼinstigation de lʼenseignant ou encore une explication fournie par l’enfant dyspraxique sont parfois nécessaires pour expliquer la différence et favoriser lʼinclusion. Cependant, cette intervention ne peut être réalisée qu’avec l’accord de l’enfant. Des outils sont disponibles pour aider les adultes à parler de la différence et du handicap. 

Comment l’aider à la maison, des propositions 

Choisir un endroit confortable et au calme pour étudier à la maison, en contrôlant le bruit et les distractions visuelles (loin dʼun téléviseur ou dʼune machine).

Veiller à ce que lʼenfant soit confortablement installé  :

  • lumière éclairant nettement les supports mais venant de derrière lʼenfant,
  • cale sous les pieds,
  • pupitre légèrement incliné.
  • le soulager au niveau des gestes surtout le soir (de lʼécrit, de lʼorganisation, des manipulations : pour trouver la bonne page,… )
  • améliorer la présentation du travail : pour aider lʼenfant à se repérer dans lʼespace de la feuille (haut, bas, droite, gauche).

On peut baliser la feuille avec des traits de couleur : Trait vert à gauche (vert pour le départ), rouge à droite (rouge pour l’arrivée), jaune en bas comme le sable, bleu en haut comme le ciel.

Placer la feuille à la verticale (utilisation du pupitre) puis peu à peu la descendre à lʼhorizontale.

Dyspraxie et Scolarité 

La dyspraxie est une anomalie de la planification et de l’automatisation des gestes volontaires. C’est un trouble spécifique de l’apprentissage des gestes. Sans dyslexie sévère co-morbide, l’enfant apprend à lire en CP sans grande difficulté mais est décrit comme lent, maladroit et ses réalisations motrices ou graphiques sont médiocres, informes, brouillonnes puis, rapidement, il éprouve des difficultés à l’écriture. Les parents notent des difficultés à faire ses lacets, couper sa viande, etc…En cas de dyspraxie visuo-spatiale, il éprouvera des difficultés dans toutes les tâches ou les composantes spatiales sont importantes : géométrie, géographie, dyscalculie spatiale, lenteur à la lecture.

Les difficultés commencent vraiment avec la scolarisation. Parfois considérés déficients intellectuels en raison de leur lenteur et de leur gaucherie, et plus encore si une dyspraxie oro faciale est présente (provocant une articulation difficile), leur intelligence nʼest pourtant pas en cause dans ce trouble des habiletés motrices. 

Quelques remarques et qualificatifs trop fréquemment entendus à l’école :

Maladroit, brouillon, nul en sport, débraillé, rêveur, paresseux, incapable de copier un texte, pauvre dans ses graphismes, immature… Il faut le rendre autonome, cesser de le couver…. 

Quelques répercussions scolaires

Le signal d’appel le plus fréquent est la dysgraphie. La dysgraphie ne veut pas dire que l’enfant ne sait pas écrire mais que l’écriture est couteuse et malhabile. Ses dessins sont pauvres, il est lent, maladroit, le résultat de son travail est peu lisible (« travail sale, brouillon, chiffonné ») et se sert difficilement dʼune règle, dʼun compas, dʼune gomme, dʼune paire de ciseaux. 

Lenteur, fatigabilité et fluctuation des résultats.

Quelles que soient la nature et lʼampleur des troubles dyspraxiques, la fatigabilité restera toujours au premier plan : les enfants doivent en permanence exercer un contrôle volontaire qui est cause de fatigue.

Cette fatigue doit impérativement être respectée. Il ne sert à rien de vouloir obtenir des résultats lorsqu’ils sont fatigués. 

Malgré leurs efforts, les gestes ne sont pas toujours réussis, lʼenfant est maladroit, peu organisé et mettra plus de temps que ses pairs à acquérir une certaine autonomie. Au passage, l’autonomie n’est pas de faire les choses mais bien de savoir ce qu’il y à faire et à qui s’adresser pour le faire

Trop souvent l’enfant dyspraxique s’entend reprocher d’avoir été maladroit ou sale et de ne pas faire attention alors quʼil se sera appliqué, pour un résultat parfois très moyen et décourageant pour lui.

Montrer de lʼexaspération ou de la déception est vraiment à proscrire car lʼenfant a investi beaucoup dʼénergie dans la réalisation de ses gestes et ressent durement ces remarques désobligeantes sur ses incapacités et manques divers : il ne sait comment faire autrement.

Il faut le rassurer sur ses capacités, mettre l’accent sur ses acquis et l’encourager à persévérer. 

La fluctuation de ses résultats scolaires nʼest pas sans influence sur son estime et sa confiance en lui. (En effet, il peut réussir parfaitement à lʼécole un exercice et plus tard ne plus y parvenir). Il faudra donc organiser autour de lui et soulager ces gestes quotidiens pour lui permettre de donner toute sa mesure en classe.  

Il ne sert à rien de presser ou bousculer un enfant dyspraxique. 

Il est à noter la possibilité d’une régression spectaculaire dès quʼil sera légèrement souffrant. Un simple rhume met à mal toutes ses capacités habituelles : son degré de concentration chute de plus belle, il souffre encore plus souvent de petits accidents dʼénurésie, parle indistinctement, nʼa pas la force de se moucher… 

Les supports visuels à l’école

Il faudra toujours être vigilant sur les supports écrits proposés par l’école. De par leur façon bien particulière à percevoir ce qui l’entoure et ce qu’il voit, les supports écrits doivent être épurés et écrit de haut en bas. Il faut absolument éviter les petites images qui se baladent, les textes écrits en travers ou dans un coin de la feuille et ce, tout au long de leur parcours scolaire. Il faut également éviter les textes en colonne car, ne percevant pas l’espace entre deux colonnes, il va lire toute la ligne comportant la 1ère ligne de la première colonne puis la 1ère ligne de la deuxième colonne. 

Mathématiques et Géométrie

En raison de ses difficultés d’abstraction, l’enfant dyspraxique risque d’avoir de vraies difficultés en raisonnement logico mathématiques. En raison de ses difficultés neuro visuelles, il sera en difficulté pour poser les opérations. En raison des particularités précédentes et de ses difficultés de motricité fine, il sera en très grande difficulté en géomètrie. 

Préparer les exercices en les individualisant (découper le support au besoin), ou utiliser un cache pour ne montrer quʼun seul exercice à la fois.

  • fractionner le temps des devoirs, ménager des pauses fréquentes
  • enregistrer les leçons à apprendre sur un dictaphone
  • participer à la gestion du cartable, des classeurs, de l’agenda (pas de cahier de textes)

En effet, lʼenfant a du mal à ranger sa feuille dans un classeur (il se repère mal par rapport aux intercalaires puis place sa feuille au début de la rubrique ou à la fin de la précédente, l’habileté manuelle lui fait défaut). Il faut proscrire les classeurs et les portes vues.

Il lui est difficile de se repérer dans un cahier de texte (trouver le jour, écrire à la suite sans sauter de pages ou revenir en arrière). Il faut éviter le cahier de texte et préférer un agenda.

 Il est bien de privilégier les cahiers petits formats 17×22, 1 exercice par page sur format (A5 ou A6 cʼest-à-dire ½ A4 ou ¼ A4), plus faciles à manipuler que les classeurs très vite ingérables.

Ne pas être trop exigeant sur lʼécriture et la présentation. Le plus important est de respecter son rythme et de privilégier la compréhension. 

Dypraxie et école Maternelle

 Privilégier l’oral

Difficultés : Aides possibles

• Pour les activités suivantes, à l’école comme à la maison :

découpage, modelage, collage, coloriage, dessin, graphisme, écriture, manipulation dʼobjets, dʼoutils de puzzle (ex tangram), de jeux de construction, de motricité…

  • Éviter de lui demander de relier, entourer, écrire, dessiner, colorier … 
  • Toute tâche « crayon papier ».
  • Le décharger des aspects techniques des tâches et privilégier lʼoral pour obtenir une réponse.
  • Accepter que lʼenfant ne soit pas capable de réaliser certaines activités et les réaliser à sa place, sur ses indications.
  • Eviter l’écrit et simplifier la présentation.
  • Ne pas le faire redoubler à cause de son manque dʼautonomie, de ses difficultés à lʼécrit. Le préparer efficacement à la scolarité primaire avec les pédagogies les plus adaptées. Le préparer à la lecture en privilégiant la lecture syllabique.
  • Repérer et lire des mots en « global ».
  • Lui apprendre la relation entre graphème (lettre) et phonème (son), de façon ludique. Par exemple avec la méthode de « la Planète des Alphas. ». Prolonger les sons à repérer : la lettre f déguisée en fusée fonce en faisant fff, quand elle tombe sur la lettre o : cela fait fffo, sur le a : fffa…
  • Lui lire beaucoup de livres pour enrichir son vocabulaire.
  • Lui donner des étiquettes déplaçables pour lʼaider à comparer les mots.
  • Frapper avec les mains le nombre de syllabes contenu dans un mot.
  • Lui donner des lettres magnétiques pour quʼil puisse composer syllabes et mots. Favoriser lʼapproche de la quantité et des nombres : utiliser la mémorisation.
  • Réciter la suite des nombres.
  • Apprendre à compter des objets car il doit coordonner plusieurs actions à la fois : pointer les objets un à un sans en oublier et sans compter deux fois le même et réciter la comptine.
  • L’entraîner à reconnaître globalement de très petites quantités 1 à 3, puis 4 et 5.
  • Différencier les objets par leur couleur ou leur forme.
  • Manipuler pour lui : quelquʼun déplace les objets pendant quʼil compte. Puis plus tard, lui laisser déplacer les objets qu’il compte.
  • Présenter les objets en les organisant sous forme de constellation de dés pour faciliter la perception immédiate de la quantité.
  • Jouer à des jeux de dés et de dominos. 

Dypraxie et école primaire

Lecture : utiliser des aides visuelles 

  • différencier certaines lettres p, b, d, q, les lettres o, a, e …
  • utiliser une graphie autre que cursive
  • laisser de la place entre les lignes
  • percevoir les syllabes des mots (surtout quand elles sont complexes) ex : ils lisent ban/ane au lieu de ba/na/ne
  • mettre la syllabe en couleur et alterner les couleurs (ex : domino)
  • lire des mots de manière « globale » 

Ne pas insister sur :

  • se repérer dans un texte dense
  • lire sans sauter de mots ou de lignes

Et penser à :

  • prévoir des interlignes plus grandes 1,5 ou 2,
  • surligner ou souligner en couleur pour différencier les lignes
  • matérialiser le côté gauche de la feuille par une ligne verte
  • laisser lʼenfant suivre avec le doigt. Prévoir un guide lecture pour aider au repérage dans la ligne et cacher le reste du texte. 

Orthographe : favoriser la « visualisation » des mots et lʼépellation.

  • mémoriser les mots 
  • utiliser la technique des mots cachés : lire puis cacher le mot et procéder par auto-épellation yeux fermés- yeux ouverts pour favoriser la visualisation et mémorisation des mots.
  • s’appuyer sur lʼétymologie des mots. 

Ecriture : Privilégier l’ordinateur dès le CE2

Difficultés voire impossibilité pour avoir une écriture de qualité et rapide.

  • conserver le type dʼécriture (script, cursive, capitale), la taille des lettres
  • tenir le crayon sans crisper les doigts, sans fatigue.
  • rechercher le bon outil : crayon triangulaire, guide doigt triangulaire, crayon à mine décalée (Yoropen), – – –   – pour les crayons à papier : 
  • essayer une mine plus sèche (H) ordinaire(HB) ou plus grasse (2B) et parfois le stylo plume (plume solide, bout rond) qui glisse bien (à partir du CE1 ) ou stylo Paper Mate Replay effaçable
  • si l’ordinateur n’est pas mis en place, utiliser des feuilles à une seule interligne de 1cm ou des formats écoliers agrandis (2,5mm ou 3mm, en surlignant de couleur claire la ligne de base
  • limiter l’écriture manuelle, éviter les copies
  • s’il est impératif d’écrire, prévoir la place pour cet écrit
  • fournir des photocopies
  • utiliser l’ordinateur (apprendre les techniques du clavier et du traitement de texte avec l’aide de l’ergothérapeute) 

Mathématiques : utiliser des aides visuelles et spatiales

  • compter sur ses doigts, surcompter (dissociation des doigts difficile).
  • repérer la valeur de position des chiffres d’un nombre (centaine-dizaine-unité ).
  • tracer et utiliser les signes < > , tracer et utiliser les signes + X .
  • éviter les tables d’additions, de multiplications présentées sous forme de tableau de Pythagore (tableau à double entrée). Préférer la calculette.
  • poser et calculer des opérations en colonnes
  • jouer à avancer ou reculer sur une grande file numérique à l’aide d’un dé (utiliser des couleurs différentes pour chaque case) : « combien dois-je faire pour tomber sur le 10 si je suis sur le 6 ».
  • proposer des couleurs pour chaque valeur des chiffres d’un nombre (exemple : unité = bleu – dizaine = vert – centaine = rouge). Conserver les mêmes codes couleur pour toutes les classes de primaire.
  • utiliser des constellations pour visualiser les petites quantités (travailler les opérations avec des cartons flash)
  • proposer des dispositions non spatiales : en lignes pour les additions, soustractions…
  • proposer des grilles toutes prêtes ou des opérations déjà posées
  • utiliser un logiciel pour poser les opérations comme POSOP (à télécharger sur http://association.idee.free.fr/ )
  • évoquer la mentalisation des quantités et les stratégies de calculs : verbaliser « 9 c’est presque 10, c’est 10 moins 1 »  

Géométrie-Mesure-Géographie

L’enfant dyspraxique est en grande difficulté pour :

  • reproduire des figures géométriques, utiliser des instruments pour tracer des figures (règles, compas, gabarit) ou mesurer.
  • tracer des figures sur quadrillage, utiliser un tableau à double entrée
  • réaliser des cartes, schémas….

Il faut :

  • privilégier une description orale à une construction papier
  • rajouter des repères de couleur dans les tableaux de conversion
  • utiliser des logiciels de géométrie
  • utiliser le logiciel développé par l’INSHEA : la Trousse GéoTracé
  • utiliser des règles où les chiffres des 5 et 10 sont bien apparents (en rouge par ex)  

L’acquisition de l’autonomie et l’estime de soi

Rappel : l’autonomie n’est pas de faire les choses mais bien de savoir ce qu’il y faut faire et à qui s’adresser pour le faire. 

Dans tous les cas, l’enfant dyspraxique souhaite acquérir son autonomie, plus encore que l’enfant ordinaire. Il est donc important de le suivre. Il fera seul dès qu’il sera en capacité de faire seul. En attendant, il est essentiel de l’aider autant qu’il est possible de le faire, d’organiser autour de lui. Il faut lui faciliter la tâche et adapter, contourner avec lui, au moyen d’astuces toutes les difficultés rencontrées.

Il est également important, en classe, de le valoriser par des responsabilités à sa mesure et par des tâches qui serviront à la communauté (taper le poème sur l’ordinateur, par exemple, avant photocopie pour les élèves de la classe).

Toujours en décalage avec des enfants du même âge, il pourra, de mieux en mieux, contourner ses difficultés. Par contre, il faut absolument mesurer et reconnaître les efforts qu’il doit, sans cesse, opérer.

Il ne sert à rien de presser ou bousculer un enfant dyspraxique. Il est utile, de temps en temps, de le rappeler à l’exercice par de petits questionnements : qu’es-tu en train de faire ? Que dois-tu faire ? Où en es-tu ? Si l’enfant « ne revient pas », il faut alors respecter sa fatigue et ne pas insister.

Il faut prendre en considération sa fatigue, le temps disponible, l’urgence de la situation et la priorité sur les actes essentiels. 


Dyspraxie… Et après ? 

Les jeunes dyspraxiques peuvent réussir leur Bac s’ils n’ont pas été massacrés avant. En effet, leur volonté dépasse les difficultés rencontrées tout au long de leur scolarité. L’ordinateur est leur meilleur soutien. Il est fréquent qu’ils réussissent les diplômes avec mention.

Si leur orientation n’est pas contrariée, ils réussissent également dans les études supérieures.

Pour ceux qui choisissent un cursus court, ils ne doivent pas, bien sûr, privilégier des métiers manuels où la motricité fine est engagée. Pour le choix d’un métier, il ne faut jamais oublier les difficultés d’organisation et de planification attachées à ce handicap.

Par contre, il est à remarquer que les enfants qui n’ont pas bénéficié des rééducations nécessaires pour contourner leur handicap (ergothérapie) rencontrent de vraies difficultés dans le monde professionnel.

Dans leur vie d’adulte, ils resteront étourdis et leur compagne (compagnon) apprendront rapidement à gérer ce défaut d’organisation.

De très nombreux adultes découvrent leur dyspraxie au travers des difficultés de leur enfant; c’est dire qu’ils arrivent à bien se débrouiller dans la vie active. 

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